1945-1948

mai 27, 2024

Après la Seconde Guerre mondiale, l’Institut reprend ses activités dans un nouveau contexte, marqué par l’enthousiasme du public roumain, qui peut montrer librement sa francophilie, et en même temps par les contraintes imposées par le nouvel occupant, la Russie Soviétique, qui, à terme, mettront fin à son fonctionnement. 

Avec un nouveau directeur, Philippe Rebeyrol, et avec des moyens importants alloués par la nouvelle Direction Générale des Relations Culturelles du MAE, l’Institut organise dans les conditions difficiles de l’après-guerre une grande exposition de peinture française (reproductions) « De Manet à nos jours » en 1946, une Exposition du livre en 1947, ainsi que des matinées poétiques, des cours et des conférences. Une nouvelle équipe de professeurs prend la relève de la Mission universitaire et dynamise les cercles franco-roumains dont l’activité avait souffert pendant les années de la guerre. Le contexte politique roumain, dominé de plus en plus par les communistes soutenus par Moscou, conduit l’Institut à adapter ses actions de manière à ne pas froisser les nouvelles autorités au pouvoir : ainsi, un cycle de conférences sur la « Pensée sociale des écrivains français » est mis en place dès 1945, tout comme des tentatives d’ouvrir l’enseignement du français aux classes populaires et aux quartiers pauvres.

Un membre de la nouvelle équipe est Roland Barthes qui arrive en 1947 à Bucarest, en tant que responsable de la bibliothèque de l’Institut. Il y propose une réorganisation, avec l’ouverture d’une section scientifique et technique et d’une section de sciences sociales. Il reprend aussi la tradition des conférences sur la musique, avec des auditions de disques commentées (Pelléas et Mélisande, Gluck, Ravel, etc.) qui rencontrent un grand succès auprès du public.     

L’activité de l’Institut rencontre toutefois des obstacles de plus en plus importants de la part des autorités en place. En censurant certains titres ou auteurs français, en refusant des conférenciers venus de Paris (comme Pierre Emmanuel), en rejetant des donations de livres ou des bourses pour les étudiants, le régime au pouvoir veut exclure du pays toute présence française, en fait toute présence occidentale. En 1948, la Roumanie communiste ne renouvelle plus les contrats des professeurs français et dénonce l’accord culturel franco-roumain, ce qui conduit à la disparition de la Mission Universitaire et à la fermeture de l’Institut Français de Bucarest. La bibliothèque continue de fonctionner de manière semi-officielle encore une année, mais au printemps 1950, la Securitate arrête des lecteurs sortant de l’immeuble, tout comme des élèves de l’ancien Lycée français qui correspondaient avec leur ancien professeur Marcel Fontaine.

La maison du boulevard Dacia ferme ses portes et par conséquent le public roumain ne peut plus avoir de contacts institutionnels avec la culture française.

Bibliographie :

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Marcel Fontaine,  Jurnal de război. Misiune în România. Noiembrie 1916–aprilie 1918, București, Humanitas, 2016
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