Coup de cœur du mois de mars 2021
Deborah Levy, Le coût de la vie, éditions du sous-sol, Le Seuil, 2020.
Traduit de l’anglais par Céline Leroy. Prix Femina étranger 2020.
Deborah Levy nous offre avec son livre Le coût de la vie des moments de grande plénitude. Récit à caractère autobiographique, ce livre ne verse pas dans un « Je » omnipotent et dérangeant. Son « Je » est un témoignage tout en nuances. Il distille, au fil des pages, les émotions que chaque femme peut, un jour, avoir ressenties.
Deborah Levy n’est jamais caricaturale, revancharde. Elle constate les souffrances endurées par une femme divorcée qui doit continuer à mener sa vie, en pleine maturité, mais aussi au moment où le corps commence lentement à se fatiguer, avec ses deux filles adolescentes pour l’une, étudiante pour l’autre.
Le récit mêle habilement tranches de passé heureux et présent incertain. Des événements douloureux se rajoutent comme la mort de la mère, abordée par le biais d’une anecdote qui permet de lire avec sérénité ces pages poignantes.
Nos vies sont passages, celles des femmes sont encore plus confrontées à des transitions. Deborah passe d’un passé maîtrisé contrôlé, trop contrôlé, faussement contrôlé à un avenir où tout peut encore se jouer, si l’on arrive à prendre de la distance.
L’écriture de Deborah Lévy est légère. Ses phrases brèves servent un récit d’une extrême densité. On sort de la lecture avec l’impression d’avoir côtoyé une sœur, une amie…d’avoir visionné, avec sagacité, des séquences du film de notre propre vie. Le tout avec une ironie, percutante, sans complaisance.
Muriel AUGRY