Pensées littéraires – Georges Bataille
La littérature et le Mal, Georges Bataille
(Paris, Gallimard, 1957, 232 pages)
Théologie du mal. Georges Bataille présente dans cette étude littéraire le refus de la lumière de huit auteurs maudits : Emily Brontë, Michelet, Baudelaire, Blake, Sade, Proust, Kafka et Genet.
De cette manière, Bataille analyse la genèse du mal et, conséquemment, la condition humaine par rapport à la divinité. L’homme se trouve dans l’hypostase d’un rebelle qui maîtrise un topos refusé par le Démiurge. L’artiste s’adresse à un monde démenti. Il est créateur dans un espace que le divin ne revendique plus, car celui-ci est imprégné de l’altérité.
Pour ces artistes maudits, la beauté s’idéalise dans la damnation. C’est pour cela que, dans l’esthétique du mal, Lucifer apparaît dans la noblesse de celui qui crée dans le sens contraire, négatif, annulant la sérénité apollinienne. Artiste par excellence, ce démiurge damné est le souverain d’un royaume artificiel. Georges Bataille synthétise le potentiel créateur des catégories autrefois répudiées par le bon sens littéraire dans l’esthétisme sensuel, la sagesse des enfers, l’immoralité incitée jusqu’à dans l’extase, le triomphe du vice.
Philosophie du mal, cette littérature créée dans la perspective de la révolte est le culte qui a forcé l’homme à voir dans ses profondeurs.