The Spring I Lost | The Lack of Touch
Amaia Molinet
3–14 septembre 2021
The Spring I Lost | The Lack of Touch représente une démarche de documentation personnelle, dont le but initial était d’exprimer du point de vue créatif les sentiments contradictoires générés par le confinement de l’année de la pandémie, 2020.
Les photographies font partie de trois séries, qui ont été réalisées et pensées (à l’origine) séparément, ayant été par la suite réunies par la source et la motivation de ces réalisations – l’incertitude et l’anxiété générées par la pandémie. Amaia Molinet réalise des exercices de documentation sur les contextes dans lesquels elle se trouve (Bilbao, Cluj, Navarra), se réappropriant la réalité avec l’aide de l’objectif de son appareil photographique. Marquée par l’impossibilité des connections avec la nature en temps de confinement, cette artiste revisite les photographies qu’elle a réalisées de certains arbres, avant l’irruption de la pandémie, préméditant sa prochaine sortie en forêt. Dans ces photographies, elle rajoute de la buée sur l’objectif comme une référence à la respiration libre, sans masque, et comme un hommage apporté au courant photographique picturaliste, spécifique au XIXème et au XXème siècle.
L’acte se redécouvrir soi-même, dans un refuge appelé (parfois de force) « chez soi », est devenu possible grâce à des introspections caractérisées par des valeurs positives et négatives. L’auto-observation conduit à la prise de conscience des métamorphoses générées par la pandémie, l’intimité se déformant, les écrans se transformant en substitut à la présence humaine. Les relations interpersonnelles ont été soumises à une obligation de faire recours aux moyens technologiques, les contacts physiques perdant du terrain face aux restrictions imposées par les autorités. Dans ce contexte dépourvu de connections physiques, les vulnérabilités deviennent des personnages centraux : « May your vulnerabilities be your fortress ».
Amaia Molinet est intéressée dans sa pratique artistique par les territoires, les frontières (géographiques, politiques et psychologiques), elle associe la perspective des identités territoriales avec les différentes couches de la réalité et elle met en valeur la connection entre le patrimoine naturel et la population de différentes zones géographiques. Très liée à la nature et sensible aux attributs identitaires de cette dernière, même face aux injustices auxquelles elle est soumise, les œuvres de cette artiste ont parfois de subtiles valeurs activistes, ayant, en général, pour but de faire prendre conscience et de sensibiliser les spectateurs, par l’usage d’instruments artistiques, dans la prospective de faire (re)connaître la réalité du point de vue affectif et perceptif.
Les œuvres présentes au sein de l’exposition The Spring I Lost | The Lack of Touch marquent, d’une part, les débuts de l’artiste dans la sphère de ses démarches personnelles, motivées par la période qui a généré des questions existentielles spécifiques aux sentiments d’insécurité, et d’autre part, la distance (face aux autres) ressentie durant cette période caractérisée par les restrictions de la pandémie. En dépit des contraintes légales, nous avons réussi à trouver une autre forme d’intimité, plus stratifiée : en nous-mêmes, dans nos bons côtés, mais aussi dans les moins bons, abrités par les récemment réadaptés « safe havens » – les corps, les mains, les murs ou les relations. Cette forme d’intimité est omniprésente dans la connection d’Amaia Molinet avec la nature, même dans un espace où la lumière et l’air propre n’entrent (plus trop). L’artiste démontre, à travers cette exposition, comment les hommes, comme toute forme d’organisme vivant, peuvent s’adapter aux conditions défavorables, continuant leur ascension.
Amaia Molinet (1988) est une artiste née à Lodasa (Navarre) ; elle vit et travaille actuellement à Bilbao. Elle a un Master en Arts performatifs, technologiques et contemporains, ainsi qu’une Licence de Beaux-Arts à l’Université du Pays basque.
Elle a développé sa pratique artistique à travers une photographie élargie, abordant la relation entre territoire et identité, et mettant en lumière les caractéristiques symboliques des paysages.
Elle a reçu des subventions et des prix des organisations telles que le Musée Guggenheim, INJUVE (Ministère espagnol de la Culture), Eremuak (Gouvernement basque), le Centre d’Art Complutense, le Centre d’Art contemporain Huarte, ou encore la fondation BilbaoArte, et elle a en outre effectué des séjours en résidence artistique à Artifariti (Sahara occidental), SIM House (Reykjavik), Nau Estruch (Sabadell, Barcelone), Zébra3 – la Fabrique Pola (Bordeaux) et au Centre d’Intérêt (Cluj-Napoca).
Elle a eu des expositions personnelles telles que Transfăgărășan à l’Institut Cervantes (Bucarest), The Earth may want to be like it was before existing à Hiriartea (Pampelune), Das Paradies à La Taller (Bilbao), Future Fossils au Musée archéologique de Bilbao et au Centre culturel San Martín (Buenos Aires) et Mugak à la Fondation BilbaoArte.
Ses œuvres ont fait partiedes expositions collectives dans des lieux tels que le Musée de Navarre (Pampelune), la Salle Rekalde (Bilbao), le Centre culturel Montehermoso et le Musée Artium (Vitoria-Gasteiz), le Musée San Telmo (Saint-Sébastien), le Centre d’Art contemporain Fabra i Coats (Barcelone), ou la Galerie Rafael Pérez Hernando (Madrid), parmi d’autres.