Pòros

Diana Popuț
 

La Cave | 19 octobre – 3 novembre | Vernissage : 19 octobre, 18h | Horaires d’ouverture : lundi–vendredi, 10h–17h

Commissaire de l’exposition : Xenia Tinca

Pòros est un terme ayant des racines étymologiques anciennes et un enchevêtrement sémantique riche et complexe. En grec ancien, le mot pouvait signifier à la fois ‘outil’ ou ‘perforation’, ‘passage’ ou ‘ressource’, ‘pont’ ou ‘voyage’. L’héritage étymologique qu’il a laissé dans de nombreuses langues modernes nous frappe par sa polyvalence. Le terme pòros peut signifier également ‘limite’, il peut circonscrire l’idée d’une frontière subtile – réelle mais néanmoins perméable – entre deux dimensions de la réalité. Il peut donc s’agir d’un concept central pour comprendre la manière dont les choses invisibles communiquent et influencent le domaine du visible. Pòros, – la perforation – est ce qui facilite la connexion et l’interaction entre les deux mondes. Dans cette compréhension, le mot suggère que la réalité n’est pas simple, linéaire ou superficielle, mais qu’elle possède des dimensions profondes, des profondeurs qui peuvent être explorées et comprises.

Pòros peut être compris comme une ressource et peut donc connoter l’idée de plénitude créative qui sous-tend l’existence même de l’univers et sa complexité. Dans une perspective contemporaine, pòros peut être associé au potentiel et à la capacité créative de l’individu à générer et à apporter quelque chose de nouveau dans le monde. Il s’agit de la capacité à explorer et à découvrir de nouvelles idées, solutions et approches innovantes. Enfin, une autre signification pertinente du terme est le passage, l’écoulement. Il peut donc être associé à l’idée de mouvement continu, de devenir permanent de la réalité, et il arrive à connoter la nature dynamique et changeante de la réalité, son flux permanent et la richesse du potentiel de l’existence, toujours capable de générer une multitude de formes.

En ce qui concerne les œuvres exposées par Diana Popuț, le pòros est le concept qui les unit toutes, tant au niveau des significations qu’elles incarnent que de l’esthétique visuelle assumée par l’artiste. Avec délicatesse et raffinement, mais aussi avec une sophistication particulière, ses œuvres utilisent des textures organiques et poreuses, suggérant des entités qui respirent et qui ont une vie, au sens le plus général (ou le plus généreux) du terme. Elles sont souvent faites d’accumulations de traces, avec une existence presqu’immatérielle, de gestes simples qui se traduisent par des traces répétitives et irréversibles, dans des perforations et des cavités formant des structures visuelles qui remettent en question la fragilité, en tant que partie du processus créatif, inhérente à sa composante technique.

Les œuvres de Diana Poput offrent comme signification essentielle une prise de conscience de la dualité de l’existence, de l’irréversibilité des actions humaines et du fait que la vie elle-même peut être conçue et construite artistiquement, qu’elle peut posséder une certaine esthétique formelle et conceptuelle. En tant qu’individus, nous nous trouvons tous dans la situation paradoxale d’exister en tant que points dans l’univers et d’être pourtant capables de manifester des éléments communs qui nous relient, nous placent en communication et en communion ; nous sommes de petites et humbles perforations de la surface de la réalité et pourtant nous contribuons de manière unique et ensemble à l’harmonie invraisemblable et fascinante de l’ensemble de la création.

Née à Cluj-Napoca, en Roumanie, en 1994, Diana Popuț est diplômée en arts visuels à l’Université d’art et de design de Cluj-Napoca.

En 2015, elle étudie dans le cadre d’une bourse Erasmus pendant un semestre en Espagne, à l’Universidad de Castilla la Mancha à Cuenca, où elle a réalisé sa première installation, Sine qua non.

En 2016, bénéficiant de la même bourse à l’Accademia di Belle Arti di Brera di Milano, elle entame la série Finestre – un projet à long terme.

En 2020, elle bénéficie d’une mobilité de stage Erasmus au studio de Laurențiu Adrian Craioveanu à Lodi, en Italie (dans le cadre de son doctorat à l’Université d’art et de design de Cluj-Napoca), où elle apprend de nouvelles techniques de sculpture et commence une série d’œuvres en marbre en utilisant des matériaux apportés par les alluvions de la rivière Adda. Elle vit et travaille actuellement à Cluj et à Bucarest.