The Great Indoors / The Great Outdoors from Indoors
Le Grand Intérieur / Le Grand Extérieur vu par l’Intérieur
16–30 septembre
Commissaire de l’exposition Simona Vilău
L’année 2020 a apporté avec elle une série de changements cruciaux en ce qui concerne la perception et l’organisation de la vie domestique et quotidienne de tout un chacun. Les restrictions imposées par la crise sanitaire et le « nouveau normal » modifient profondément les dynamiques de la vie et les rapports avec l’environnement, chose également visible dans la création artistique.
Mihail Coșulețu est l’auteur de plusieurs séries de dessins à la plume avec pour titre The Great Indoors / Le Grand Intérieur et The Great Outdoors from Indoors / Le Grand Extérieur vu par l’Intérieur, réalisées entre mars et avril 2020. Ces dix dessins représentent des vues intériorisées d’une maison dans laquelle l’artiste a passé ces deux mois de confinement isolé. En dehors de l’objet et du détail, ces dessins sont doublés de l’anxiété d’un aujourd’hui éternel et d’un lendemain incertain. Ces dessins sont devenus importants à partir du moment où ils sont devenus nécessaires, dans lesquels l’intérieur n’est pas seulement un thème moderniste d’atelier, mais qu’il devient le corset que l’on revêt au quotidien.
À ces deux séries s’ajoutent les notes du journal de l’artiste, dont nous présentons quelques fragments :
« L’attente et l’attention sont les coordonnées essentielles du moment présent. Nous attendons quelque chose, peut-être ne savons pas exactement quoi, mais comme nous l’attendons! Or pendant tout ce temps, durant lequel nous attendons, nous restons en compagnie de l’attention. Combien d’entre nous n’avons pas commencé, récemment, à observer les choses, les gestes ou tout autre chose qui en temps ‘normal’ ne se serait même pas approché de notre radar affectif ou sensoriel. En attendant, peu importe quoi, nous avons commencé à faire attention à notre proximité, sous toutes ses formes, physiques, affectives, secrète, coupable, morale, charnelle, à chacun ses préférences. Le paysage de chacun d’entre nous s’est modifié et adapté aux conditions actuelles, l’attention n’est plus ce qu’elle a été autrefois, elle est d’une certaine façon beaucoup plus accentuée. »
« Un jour, je ne sais lequel, je me suis réfugié avec toute mon intimité environnante, j’ai observé et j’ai mémorisé chaque centimètre cube puis carré, je les ai assis en ordre et j’ai dessiné mon monde. Maintenant nous retournons dans je ne sais combien de jours d’isolation et nous amenons ces deux mondes face à face, l’un sur l’autre. Lorsque j’ai commencé cette série, je dessinais d’une façon presque similaire, avec la même intensité du geste et avec la même préoccupation pour chaque détail. Mais deux mondes, aujourd’hui parallèles, ne peuvent être dessinés de la même façon. Je les ai forcés à exister sur la même page, qu’ils entrent ou non en conflit, qu’ils coexistent dans leurs données essentielles. Tout ce que j’ai fait et pu faire a été de conférer à l’extérieur l’aura qu’il possède aujourd’hui, l’envie qu’il nous fait ressentir, les plaisirs intenses qu’il est désormais seul à connaître, le fruit parfois arrêté, mais momentanément réglementé pour la consommation de la dernière ordonnance militaire en vigueur. Comme nous sortirions, tous! Ceux qui sortaient déjà iraient encore plus loin, et ceux qui ne sortaient pas de la maison constaterons que même le chemin qui mène à la benne à ordures est un labyrinthe d’aventures et de frissons de découverte. »
Mihail Coșulețu (né en 1982) fait des installations, du dessin et de la peinture, avec une expérience de plus d’une décennie dans le domaine de l’édition, il est l’un des auteurs invités à faire partie du parc de sculptures Cetate Arts Danube de 2018 à 2020. Originaire de Brașov, il vit et travaille à Bucarest. Il est l’un des membres du pôle artistique Malmaison, fondé en 2021 dans la capitale.